Promenade quelque peu...dangereuse... [PV Sinead]

Sinead referma d'un geste sec son livre de Sortilèges, et le rangea dans son sac. Elle avait travaillé toute la matinée de ce samedi, mais ses devoirs n'étaient pas terminés. Peu importe, elle commençait à saturer. Elle alla reposer son sac dans son dortoir, où elle se vêtit d'une cape et d'une écharpe. Elle se dirigea ensuite en direction de la sortie du château : elle avait besoin de prendre l'air. Elle arriva finalement dans le parc, où un soleil rayonnant atténuait le froid qui annonçait la venue de l'hiver. Elle se rendit compte en le regardant qu'il était environ midi [mais oui, vu qu'il est au zénith ... de tout façon Sinead elle est trop forte], mais n'ayant pas faim, elle décida de ne pas se rendre à la Grande Salle. La majorité des élèves s'y trouvant, le parc était presque vide. Elle se mit en marche, se dirigeant vers le lac, puis flânant un peu sur les bordures de l'étendue d'eau d'un noir d'encre. Ceci ne suffisait pas à tromper son ennui, et elle n'avait aucunement envie de retourner travailler. Comme souvent en ce moment, elle avait besoin de quelque chose qui sorte de l'ordinaire, un peu d'aventure pour bousculer son quotidien pour le moins monotone. Elle regarda autour d'elle, et aperçut la Forêt Interdite. Elle hésita un instant, puis se dirigea dans cette direction.
Elle franchit l'obscure bordure d'arbres, vérifiant que personne ne la voyait, et se retrouva dans le noir quasi-total. Le feuillage abondant de la haute cime des arbres empêchait la lumière de filtrer, et plongeait donc l'endroit dans l'obscurité. Sinead, qui s'y attendait, ne fut pas déstabilisée. Elle sortit sa baguette de sa poche.

- Lumos !

L'extrémité de sa baguette s'illumina, permettant à la jeune fille de distinguer plus que des vagues formes indistinctes. Malheureusement, ce à quoi elle n'avait pas pensé était que si la lumière lui permettait de voir ce qui l'entourait, elle permettait aussi aux autres de la voir ... Elle se retourna brusquement en entendant quelqu'un entrer dans la forêt. Elle tendit sa baguette devant elle, dans un geste de protection dérisoire. Nora Parker, une Poufsouffle Préfète-en-chef. Attendez ... Préfète-en-chef ... Elle était dans de beaux draps.
Toutefois, elle ne répondit pas à sa question. Qu'est-ce qu'elle faisait là ? Elle-même n'aurait pu l'expliquer.

- Ne me dis pas que tu comptais aller te balader dans la forêt Interdite ?

Sinead soutenu son regard. En ce moment, elle se montrait de plus en plus téméraire et effrontée. Elle savait pertinemment que ceci finirait pas lui attirer des ennuis, mais, étrangement, elle s'en moquait.

- Si. Ça te pose un problème, par hasard ?

[Sorry, sorry, sorry pour le retard... ]

Sinead haussa un sourcil. Ainsi donc, Nora ne la sanctionnait pas, mais tentait de la canaliser et de l'aider. Premièrement, Sinead n'aimait pas particulièrement se faire canaliser, deuxièmement, elle prenait mal le "pseudo-courage". Sale caractère, que voulez-vous... Elle répondit d'un ton sarcastique :

- Oh, vraiment ? Comme c'est attentionné de ta part. Mais, vois-tu, je n'ai aucunement besoin qu'on me canalise. Mon pseudo-courage et moi nous débrouillons à merveille.

Sinead n'aurait sur expliquer ce qui la poussait à se comporter ainsi. Elle avait toujours eu un caractère contestataire et susceptible, mais de là à répondre de cette manière à la pauvre préfète qui ne cherchait qu'à remplir ses fonctions... C'était bien simple, elle se contrôlait à peine. Depuis la mort de son frère, plus rien ne semblait avoir d'importance, et défier l'autorité n'avait jamais été aussi... grisant. Ou, plutôt, pour être franche, cela lui faisait oublier un instant sa douleur. Pour mieux en souffrir ensuite. Mais, peu importe, Sinead ne se projetait plus dans le futur, elle vivait dans l'instant présent et les conséquences de ses actes étaient devenus un concept plus abstrait que jamais. C'était peut-être égoïste, immature, prétentieux et beaucoup d'autres choses, mais elle n'y pouvait rien. En tout cas, elle tentait de s'en persuader, pour refouler le sentiment de honte et de culpabilité qui, tout de même, l'atteignait parfois, lorsque, le soir, seule dans son lit aux rideaux hermétiquement clos, elle se surprenait à vouloir redevenir la Sinead d'avant. Pas uniquement la Sinead qui avait un frère en vie, mais aussi celle qui riait. Qui était attentionnée, responsable. Douce, attachante. A présent, elle ne se reconnaissait plus. Ses proches non plus, d'ailleurs. Bon nombre de ses amis l'évitaient, seuls les plus proches restaient, mais alors, c'était elle qui les fuyait. Comme si elle cherchait la solitude.
Ainsi, n'attendant pas la réponse de Nora à son acerbe réplique, la Gryffondor lui lança un rapide coup d'oeil, et, voyant qu'elle ne bougeait pas, écarta une branche qui lui barrait le passage et s'enfonça dans la forêt, sa baguette à l'extrémité lumineuse pointée droit devant elle. De même qu'elle ne pensait plus aux conséquences de ses actes, Sinead n'avait que faire du danger.

[Non, pas de problème, fais comme tu préfères !]

Sinead entendit Nora la suivre dans la forêt. Elle fut surprise par le courage de la Préfète, qui semblait pourtant clairement être terrorisée à l'idée de faire le moindre pas dans la Forêt Interdite. Pourtant, elle ne montra pas sa surprise, continuant d'avancer, ne sachant pas où elle allait. Elle laissait ses pas la guider, ne réfléchissant pas à sa direction. Leur progression se déroulait dans un silence de plomb, troublé de temps à autres par un craquement de brindille, ou d'autres bruits, que Sinead ne préférait pas chercher à identifier. Soudain, Sinead entendit la marche de Nora s'accélérer, sûrement pour se rapprocher d'elle. La Poufsouffle pris alors la parole.

- Sinead, je me demandais... Pourquoi tu...tu...es froide?

Sinead s'arrêta net. Elle se retourna brusquement vers Nora, une expression indéchiffrable sur le visage. A l'instant où la Préfète posa cette question, Sinead prit conscience de l'attitude qui était la sienne depuis quelques jours. Mais, peu importait. Pour le moment, il fallait répondre à cette indiscrète question. Elle aurait voulu prétendre ne pouvoir y répondre, mais elle savait pertinemment ce qui l'avait transformée à ce point. Elle planta son regard dans celui de Nora, et lui répondit d'une voix cassée, retenant un sanglot:

- Dis-moi, Nora... Comment tu réagirais si ton frère venait de se faire assassiner ?