C'est étrange... [with Nora]

Sur ce coup-là, j'allais avoir besoin d'aide... Merde, j'aurais voulu me débrouiller seule, mais ça allait être simplement impossible.

Toujours à mes recherches d'un endroit où être seule dans cette école, et après l'échec de plusieurs tentatives (les serres de botanique, le parc, le terrain de Quidditch,...) j'avais trouvé la salle du miroir du Rised. Ca faisait donc plusieurs nuits de suite que je m'y rendais. Oh, n'allez pas croire que j'y faisais quelque chose de louche ou d'interdit, je ne suis pas assez stupide pour ça. Non, je réflechissais, simplement.
Depuis la morsure qui avait fait de moi un loup-garou, j'avais beaucoup changé. Je me souvenais de mon passé, des horreurs qui avaient fait ma vie d'avant. Si j'acceptais la plupart des choses qui hantaient maintenant mon esprit, je refusais toujours d'utiliser mon "vrai" prénom.
Mais bon, ce détail n'avait que peu d'importance. Ce qui retenait toute mon attention, c'était de remettre les choses dans l'ordre. Je venais donc tous les soirs ici, je m'enfermais dans un monde sans couleurs, et je recréais le film d'une vie gâchée. Parfois, Sawyer venait avec moi, ça m'aidait beaucoup. Mais je n'allais tout de même pas l'obliger à me suivre tous les soirs !!

Ce soir-là, j'avais du mal. J'essayais de me souvenir de mes parents. Je connaissais juste leur prénom, j'étais trop jeune quand ils sont morts. Mais j'aurais simplement voulu savoir s'ils étaient des parents aimants ou non. Si j'aurais été une autre s'ils avaient vécu. Mais aucun souvenir de ma petite enfance ne voulait se joindre à moi cette fois. Pour ne pas m'énerver bêtement, je faisais régullièrement des pauses, pendant lesquelles je marchais à travers la pièce en ne pensant à presque rien. Enfin si, je pensais, mais uniquement aux rares choses positives de ma vie.

C'était lors d'une de ces fameuses pauses que la catastrophe arriva. J'avais une image particulièrement agréable en tête, et je ne regardais pas où je marchais. Je me suis donc pris les pieds dans ma robe, et en voulant me rattraper, j'avais fait tomber le miroir du Rised. Fort heureusement pour moi, il ne s'était pas brisé. Mais quand j'avais regardé dedans après l'avoir relevé, je n'y avais vu que mon reflet réel : une figure pale et inquiète, maigre et fatiguée, en robe de Serpentard, dans l'obscurité de la pièce. ... !!! Le miroir n'était pas brisé, mais il ne fonctionnait plus ! Et merde.

Sur ce coup-là, j'allais avoir besoin d'aide...

Je passai la tête en dehors de la salle, nourrissant le maigre espoir de voir quelqu'un. Il était un peu plus de minuit, les chances de soutien étaient infimes, voire inexistantes. J'allais abandonner quand j'entendis des pas venir vers moi... Je refermai doucement la porte, n'y laissant plus qu'une fine ouverture qui me permettrait d'observer sans être vue. Si c'était Rusard, j'étais mal, très mal...
Mais ce n'était pas lui. C'était un élève, ou plutôt une élève. D'après sa taille et sa corpulence, une des plus vieilles (si tant est qu'on puisse être qualifié de vieux à 17 ans). Sans me soucier de sa raison de trainer les couloirs à cette heure, et encore moins de sa maison d'appartenance, je décidai de l'appeler... Tout doucement...

- Psst... Psssssst... Excuse-moi, j'ai un problème, tu peux venir m'aider s'il te plait? C'est pas un piège, je te jure.

J'attendis une réponse...

Elle répondit, merci Merlin !

En temps normal, je n'appréciais que peu de me faire rabrouer, mais je devais pour une fois faire taire ma colère. Elle s'approché de moi et à la lueur de sa baguette, je reconnus immédiatement l'insigne de préfet, puis celui des Poufsouffle. Ma position précaire ne m'autorisait pas à la rejeter, même si j'en crevais d'envie...

- J'crois que le miroir du Rised ne fonctionne plus, je comprends pas. Entre tu veux?

Je me doutais que cette proposition ne lui plairait pas. Moi-même, si j'étais une jaune (même préfète), je ne suis pas sûre que j'accepterais de rentrer dans une salle sombre sur l'invitation d'une verte qui aurait cette tronche... Mais bon, je n'avais pas 36 solutions... J'avais besoin d'un coup de main, et cette fille était la seule personne que je pouvais espérer trouver dans le couloir à cette heure-ci...

Tout à coup, l'idée de génie !!

- Tiens, si t'as pas confiance, je te donne ma baguette, comme ça tu peux être sûre que tu ne crains rien de moi...

Ca ne me plaisait pas le moins du monde de me séparer de ma baguette, mais ça lui montrerait sûrement que je ne lui voulais pas de mal, et si elle avait besoin d'être rassurée, ça suffirait. De toutes façons, je pouvais totu aussi bien me défendre à mains nues si elle décidait de s'attaquer à moi... Mais je ne voyais pas pourquoi on en serait arrivées là...

La préfète Poufsouffle avait manifestement eu du mal à me croire. Je dois avouer que ça m'agaçai un peu, même si je ne pouvais pas lui en vouloir. Après tout, comment aurait-elle pu savoir que je n'aime pas mentir?

Elle finit par entrer dans la salle,e t je fermai la porte doucement. Pas la peine d'alarmer quelqu'un d'autre. Je restai un peu en retrait, lui laissant toute liberté d'action. En attendant de comprendre ce qu'il se passait, j'avais posé le miroir contre le mur du fond. La Poufsouffle s'en approcha et se planta devant. J'observais attentivement.

Elle resta plantée là une dizaine de secondes, et quand elle se tourna vers moi, quelques restes de rose subsistaient sur ses joues. Il m'était cependant impossible de savoir si elle avait rosi de colère contre moi, ou face à ce qu'elle avait vu dans son reflet. Et je n'en avais cure...

_ Il fonctionne parfaitement. Pourquoi crois-tu qu'il ne marche pas? Qu'as tu vu? Si ça ne te dérange pas que je te le demande.

Alors là ! Je n'y comprenais plus rien !!

- Eh bien... Je tournais un peu en rond et je l'ai fait tomber. Quand je l'ai relevé, il n'était pas brisé mais la seule chose que j'y ai vu c'est mon propre reflet, normal, tel qu'il le serait dans un miroir conventionnel. C'est à n'y rien comprendre.

Je m'approchai à nouveau du miroir, regardait dedans et vis... toujours la même chose ! Une Elsholz fatiguée et marquée, et en plus angoissée. La belle affaire.

- Je ne vois toujours rien de plus. Tu es sûre qu'il fonctionne, tu es sûre d'avoir vu autre chose que le reflet de la réalité?